Qu’est-ce que la hijama ?
On l’appelle cupping therapy, saignée ou encore thérapie par les ventouses. Cette pratique, issue de la médecine traditionnelle, suscite pléthore d’interrogations. Propulsée sur le devant de la scène par les athlètes aux jeux olympiques 2021, le grand public a ainsi découvert un pan de la médecine prophétique, jusqu’alors confinée à l’Islam et aux musulmans. Mais, qu’est-ce que la hijama exactement ? Un remède naturel oriental un peu obscur ? Une énième médecine alternative promettant une guérison miraculeuse ? De sa définition au déroulement d’une séance en passant par ses bienfaits,Oumma Up vous explique tout !
C’est quoi, la hijama ?
Définition
La hijama, aussi connue sous le nom de cupping therapy, est une technique naturelle de soin qui repose sur l’utilisation de ventouses. La hijama sèche consiste à apposer des ventouses sur des parties stratégiques du corps, pour traiter divers maux. La hijama dite humide, quant à elle, nécessite ensuite la pratique d’incisions sur la peau, afin d’extraire le sang par effet de succion des ventouses. C’est ce qu’on appellerait communément une saignée. Le praticien ou hajjam cherche, entre autres, à débarrasser l’organisme de son “mauvais sang” et à assurer une circulation optimale.
Histoire
Ce procédé appartient à la médecine prophétique, mais on le retrouve également dans la médecine traditionnelle chinoise. C’est d’ailleurs dans ce registre qu’il est classé et reconnu par l’OMS depuis 2004. L’utilisation des ventouses en tant que thérapie est une technique employée depuis l’Antiquité, dans plusieurs endroits du monde. Ainsi, on reporte sa pratique chez les Indiens, les Babyloniens ou encore les Pharaons.
Les premiers thérapeutes se servaient de cornes creuses coupées ou de bambous. Plus tard, ces instruments, somme toute rudimentaires, furent remplacés par des pots en verre, dans lesquels on brûlait de la laine, du papier ou du coton pour créer un vide d’air. Aujourd’hui, on emploie plus volontiers des ventouses en verre ou en plastique de différents diamètres, assortis d’une pompe manuelle.
La hijama est ancrée dans le monde arabe depuis des siècles. Le médecin Al Harith ibn Kalada, mort vers 621, la recommandait déjà au roi perse Chosroes pour « dissiper la tristesse ». Elle s’est démocratisée parmi les musulmans, qui la pratiquent régulièrement jusqu’à aujourd’hui, grâce aux recommandations du Prophète Mohammed, sur lui les prières d’Allah et le salut :
D’après Samoura Ibn Joundoub (qu’Allah l’agrée), le Prophète (que la prière d’Allah et Son salut soient sur lui) a dit : « La meilleure chose avec laquelle vous vous êtes soignés est la hijama ».
Rapporté par Al Hakim et authentifié par Cheikh Albani dans la Silsila Sahiha n°1053.
Avec l’avènement de l’Islam, plusieurs ouvrages de médecine de référence traitant de la hijama ont vu le jour. On peut citer notamment Étude de base de la chirurgie d’Abu Al Faraj ibn Muwaffaq Ad-Din ibn Ishaq Al Karaki, ainsi que le très célèbre Canon de la Médecine, d’Ibn Sina (plus connu sous le nom d’Avicenne). Dans ce dernier, il prescrit la hijama dans le traitement de plus de 30 maladies.
Intérêt
La hijama a pour but d’extraire par aspiration les substances toxiques qui s’accumulent dans le sang, mais aussi de stimuler certains systèmes de l’organisme, de soulager les douleurs et d’apporter du bien-être. Sa fonction n’est donc pas seulement épurative, mais elle recèle de nombreux autres bienfaits que nous allons citer juste après !
Quels sont ses bienfaits ?
Les bienfaits de la hijama sont multiples, il faudrait bien plus d’un article pour tout détailler ! Aussi, nous nous contenterons de citer ses vertus générales, quelques vertus spécifiques ainsi que des pathologies susceptibles d’être soignées par la cupping therapy.
Vertus générales
- régulation du système nerveux involontaire ;
- contrôle de la sécrétion des glandes endocrines (équilibre hormonal) ;
- effet anxiolytique ;
- amélioration de la circulation sanguine ;
- stimulation des médiateurs de neurones ;
- sollicitation des centres moteurs dans le cerveau.
Vertus spécifiques
- extraire les toxines, les débris cellulaires et les déchets métaboliques des médicaments qui stagnent entre la peau et les muscles ;
- permettre à la lymphe (qui débarrasse le corps des déchets) d’être mieux véhiculée par les ganglions et les canaux lymphatiques ;
- stimuler la circulation sanguine là où l’irrigation est défaillante ;
- absorber l’excès d’acides ;
- drainer les artères et les veines.
Cette dernière vertu est particulièrement intéressante, dans la mesure où 70 % des maladies sont dues au fait que le sang n’irrigue pas suffisamment ou régulièrement les organes.
Les travaux de recherche du Dr Magda Amer, professeure en immunologie à l’Université Aïn Shams au Caire, indiquent que la hijama :
- augmente le taux de cortisone ;
- stimule les antioxydants ;
- diminue le mauvais cholestérol (LDL) ;
- accroît le bon cholestérol (HDL) ;
- abaisse le taux d’urée ;
- rehausse le taux d’endorphines (hormones du « bonheur »).
Maladies susceptibles d’être soignées grâce à la thérapie par les ventouses
- insomnie, anxiété et troubles nerveux ;
- céphalées ;
- dépression nerveuse ;
- maladies féminines (infertilité due à une faiblesse ovarienne, SOPK, troubles du cycle menstruel, règles douloureuses) ;
- arthrose et gonflement des articulations, douleurs articulaires ;
- diabète ;
- énurésie nocturne (incontinence) ;
- colite spasmodique ;
- goutte ;
- névralgies chroniques ;
- douleurs rhumatismales, notamment au niveau des jambes, de la nuque et du dos ;
- troubles gastriques (constipation, indigestion, diarrhée, perte d’appétit) ;
- douleurs et inflammations au niveau des membres chez les personnes diabétiques ;
- troubles de la libido ;
- hémiplégie ;
- insuffisance rénale ;
- maladies du foie, de la thyroïde, de l’estomac ;
- cancer ;
- maux occultes.
Comment se déroule une séance de cupping therapy ?
Entretien préliminaire
Le praticien en cupping therapy exerce, en principe, dans un cabinet ou à domicile. La séance de hijama est précédée d’un questionnaire au cours duquel les antécédents médicaux du patient sont évoqués : pathologies, traitements médicamenteux en cours, examens biologiques récents, interventions chirurgicales, douleurs rencontrées, etc. Cet entretien permet au thérapeute d’établir son protocole opératoire et de repérer d’éventuelles contre-indications. En d’autres termes, il pourra évaluer si la hijama est envisageable ou non, si cette dernière sera humide ou sèche, et déterminer sur quels points poser les ventouses. Avant la séance, des directives sont fournies, notamment alimentaires, pour préparer au mieux le rendez-vous et en optimiser les effets.
Installation du patient et pose des ventouses
Le patient est installé sur une table de massage préalablement désinfectée. La position assise est également possible. Le matériel employé doit être à usage unique. Les incisions, quant à elles, sont pratiquées à l’aide d’un scalpel ou bistouri chirurgical stérile, de façon superficielle. Certains hajjam amateurs se servent de lames de rasoir, ce qui est vivement déconseillé. Le port de gants jetables est prescrit.
La pièce ne doit pas être trop froide, afin d’éviter la constriction des vaisseaux sanguins. La zone à traiter est d’abord désinfectée, puis le praticien appose la ventouse et fait le vide d’air partiel grâce à sa pompe manuelle. Cette aspiration procure une sensation de fourmillement, mais n’est pas douloureuse. Un « macaron » apparaît alors sur la peau (comme pour un suçon), allant du rose pâle au violet sombre. La coloration donne d’ailleurs des indications sur l’état de santé de la personne traitée.
Incision ou scarification
Lorsque toutes les ventouses sont posées et que le sang a afflué à la surface, c’est le moment d’inciser délicatement (pour une hijama humide), parallèlement aux vaisseaux. Cette étape n’est pas douloureuse, car le vide d’air créé a « anesthésié » la zone. Les incisions ne sont pas profondes. Les ventouses sont ensuite remises en place et laissées jusqu’à ce que le sang cesse de couler, sauf pour les points particulièrement innervés. L’aspect du sang extrait offre, lui aussi, des informations précieuses. La douleur ressentie est toute personnelle, variant considérablement d’une personne à une autre.
Fin de la séance et suivi
Enfin, les ventouses sont retirées précautionneusement. Le sang est essuyé avec du papier absorbant, des compresses ou autre. La zone scarifiée doit être désinfectée à l’aide d’un antiseptique médical. Des pansements peuvent être appliqués en cas de besoin. Une collation peut être proposée au patient, et des conseils post-hijama devraient lui être prodigués systématiquement. Les thérapeutes les plus consciencieux contactent leurs patients environ une semaine après la séance pour s’enquérir de leur état. Les macarons colorés disparaissent sous une dizaine de jours et sont sans incidence aucune.
Pour aller plus loin : La Hijama, Dr M’Hamed Aït Mouloud, éditions Tawbah.
Vous savez maintenant tout (ou presque) sur la hijama ! Si la cupping therapy vous tente, ou que vous en avez déjà fait l’expérience, n’hésitez pas à nous le dire en commentaire ! Et n’oubliez pas de nous suivre sur les réseaux sociaux pour découvrir d’autres facettes de la médecine prophétique…
Amel Bounakdja, pour Oumma Up !
Sources :
Al-Hijama, Le remède Miraculeux ou l’Incisiothérapie, traduction, aux éditions Al Madina, Bruxelles, 2012.
https://muslim-sante.com/fr/la-hijama-une-therapeutique-remarquable/